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LES PAROLES

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Baby Blues

AMSTRAM

Baby Blues

Je suis heureux

Bâton Vanille

Madam'oiselle

Petite Mélodie

Papillons de Nuit

Le Parfait

Le Croquis

Amstram

Questions bêtes

La Reine de la Provoc

Le Club des Gens égaux

On se prenait dans les Bras

J’ai couché des phrases sur le bord de mon lit
En attendant de trouver mieux, au beau milieu de la nuit.
J’ai rêvé d’inspirations aussi fruitées que les gorgées
Du vin doux de saison que mon sang avait dilué.

 

Dans les veines de mon néant qui braconne mes idées,
Naissantes, timides, froussardes, absentes.
Celles qui se sont vidées en trombes, comme tombent les torrents de pluie
Sur le sol desséché que reflètent mes pupilles.

 

Je calcine mes heures sombres dans un bidon d’essence,
Le smog s’impose, tousse, titube puis danse.
Quand les flammes dessinent des ombres sur les catelles en faïence,
Je m’endors ventre à terre et pour sauver les apparences.

 

Dans mes songes sous somnifère, je pêche des mots dans un typhon;
J’écris des poèmes à la chaîne comme si c’était ma profession;
Je crache du ver par tous les pores, je transpire en Alexandrins.
Mais quand je reprends mes esprits, tout s’évapore et puis plus rien.

 

J’ai la phobie de la page blanche, et des lignes dans mes cahiers.
Alors pour noyer le poisson, j’dessine des ronds dans des carrés.
Et dans les marges je tire des traits qui se finissent en pointillés,
Qui se prolongent sur la table, contre les murs, sur le plancher.

 

J’gribouille des fresques à grande échelle avec une langue imaginaire.
J’y cherche un mirage, une vision en les regardant à l’envers.
J’ai fumé les verbes du Bescherelle, et les noms propres du dictionnaire.
J’ai arraché toutes mes plumes pour aller les vendre aux enchères.

 

J’ai dévoré MC Solaar, Barbara et Aznavour,
En dansant nue sur du Mozart, j’ai vomi leur chansons d’amour.
Sous l’oeil narquois du correcteur qui comptait mes fautes de grammaire,
J’ai déposé mon stylo bille pour empoigner un revolver.

 

Et j’ai tiré des balles à blanc dans mon crâne qui grouille de vide.
Les textes tout comme les sentiments mènent parfois à l’homicide,
Intolérant, inexpliqué, inexplicable, involontaire.
C’est en assommant les syntaxes que l’on tue un vocabulaire.

 

Par hasard, dans un miroir, j’ai trébuché sur mon sourire.
Avec son allure de taulard il m’a fait piger qu’y avait pire
Que de se languir à crever d’un truc qui allait revenir.
Si la parole est un royaume, le silence lui est un empire.

 

Alors j’ai fermé mon bec, sur le bord de mon nid
En regardant le matin naître au beau milieu de la nuit.
J’ai rêvé d’inspirations aussi légères que les moineaux
Qui se laissent porter par le vent, sans se faire coiffer au poteau.

 

J’ai attendu que les jours passent et passent les semaines,
Le moral est revenu à la vitesse de la gangrène.
J’ai déterré Baudelaire et j’ai recollé les morceaux
De son spleen en paillettes et de mon coeur en lambeaux.

 

De mes traits sont nées des lettres et de mes lettres de nouveaux mots.
Quand je n’ai plus de papier, j’encoche des arbres, recto verso.
J’ai enterré mon encrier comme une graine dans un potager
Et je sens pousser ma folie en voyant fleurir mes idées.

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Le bonheur, animal sauvage,
On le course, on le cherche, on le flic, on le pourchasse,
On le domestique, on l’idéalise,
On se l’approprie et puis on le déguise.

 

Pour l’avoir en laisse, comme un chien de compagnie
Que l’on caresse, avec les yeux qui pétillent.
Assis aux pieds, tributaire de nos humeurs,
Comme une béquille de diamant qui reflète les couleurs.

 

Le bonheur, c’est une drogue légale.
Mais c’est comme les cerises; si t’en bouffe trop, ben ça fait mal.
Ça s’infiltre dans les veines comme un oeil dans une spirale.
Et puis ça crame le coeur car trop de bonheur est létal.

 

Le bonheur, c’est pas un jeu de hasard.
Ça te tombe pas sur la gueule comme une victoire au Poker,
Ça s’attrape comme une grippe, ça s’oublie comme un cauchemar,
C’est une bataille qui oppose le soleil au brouillard

 

Le bonheur lui, il est toujours à l’heure.
Et s’il arrive en retard c’est qu’on l’attendait ailleurs,
A la fausse place ou bien le mauvais jour,
Qu’il était sur une terrasse quand on le cherchait dans la cour.

 

Le bonheur c’est un train à grande vitesse qui passe
Dans une gare temporaire que la routine efface.
Y’a pas de billet, pas de contrôleur et pas de première classe.
Et c’est pas toi qui bouge, c’est le décor qui se déplace.

 

Le bonheur se tisse comme une toile d’araignée
Et il se brode sur une devise avec des perles de rosée,
Se porte en bracelet, en bague ou en collier,
S’offre en bouquet, en blagues ou en baisers.

 

Le bonheur, c’est l’enfant roi aussi fragile que le verre.
Quand on le repousse d’un doigt, il se fissure et puis il meurt.
Il s’éteint sur un trottoir à la lueur des lampadaires,
Aussi faible que la lumière d’une luciole seule dans le désert.

 

Le bonheur rend jaloux, rend malade et rend fou.
On se l’arrache comme une médaille qu’on attache autour de son cou.
On s’en prive sans réfléchir pour l’économiser,
Puis on le cache pour surtout, ne jamais s’le faire piquer.

 

On le vend au marché noir, au prix du kilo d’or.
Et personne ne réalise que quand y’en a plus eh ben y’en a encore.
Quand y’en a plus eh ben y’en a encore.
Quand y’en a plus eh ben… y’en a encore.

 

© 2018 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Tourne tourne le disque dans ma tête,
Si le vacarme avait une mélodie, ce serait celle-ci.
Parlent parlent mes pensées muettes
Qui s’évadent par nos bouches comme une fumée de cigarette.

 

Dansent dansent sans un bruit,
Jambes en coton, bâton vanille.
Marche marche dans le bois,
Dans la prairie, bâton chocolat.

 

Allez grave grave grave mon nom
Sur l’écorce écorchée d’un arbre ou d’un buisson.
Presse presse comme en écrivant le tien,
Au feutre permanent sous le plus gauche de mes deux seins.

 

Touche touche du bout des doigts,
La mousse mousse aussi douce que la soie.
Passe passe ta main dans mon courage
Aussi volage que ton parfum dans mes draps.

 

J’aimerais que tu ne me lâches pas d’une nuit,
Que tes semelles emboîtent le pas de mon ombre,
Que tu tires aussi vite que tombe la pluie,
Que tu restes figé là à me regarder fondre.

 

J’aimerais que tes mouvements portent mes cavales,
Que ta bouche lentement dévore mon épiderme,
Qu’on enferme le temps dans un boîtier en métal
Et que chaque jour se transforme en contrat à long terme.

 

Dormons dormons dans les champs de tournesols
Quand le jour se change en nuit, que les abeilles deviennent lucioles.
Rêvons rêvons rêvons éveillés,
Car c’est avec les yeux fermés que trépasse la réalité.

 

Ne bouge plus, regarde moi
Me mettre à nu, me mettre à plat.
Bête sauvage, teint porcelaine,
J’ai un peu froid, pelage de reine.

 

Gronde gronde le souffle du tonnerre,
Plonge ton regard dans l’oeil du cyclone,
Frappent frappent frappent les éclairs
Qui ricochent sur les cimes de la couche d’ozone.

 

Flotte flotte dans la rivière,
La dépouille de ton coeur de pierre.
Coulent coulent mes chimères
Enfermées dans une bouteille jetée à la mer

 

REFRAIN
Tu es l’année sans les saisons,
Le piano sans le clavier,
Tu es le toit sans la maison,
Tu es l’échec sans le damier.
Tu es l’avion sans le pilote,
La balle sans pistolet,
La portée sans les notes,
Tu es le vœu sans le souhait.
Tu es la veine sans le sang,
Le sourire sans les dents,
Les poumons sans oxygène,
Tu es le taulard sans les chaînes.
Tu es le café sans la tasse,
Le pédigrée sans la race,
Tu es l’album sans les photos,
Tu es le cri sans l’écho.
Tu es la tulipe sans pétale,
Le grenier sans poussière,
Tu es le Sud sans les cigales,
Tu es le repas sans dessert.
Tu es La Fontaine sans la fable,
L’écrivain sans la plume,
Le crime sans le coupable,
Tu es la musique sans volume.
Tu es l’enveloppe sans le timbre,
La bougie sans la mèche,
Le tableau sans le peintre,
Tu es le coeur sans la flèche.
REFRAIN

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Aujourd’hui en rayons de toutes les grandes surfaces
Et sur toutes les chaînes de toutes les télévisions,
Dans tous les magazines, tous les journaux et les autres paperasses,
On oblige la femme à devenir un canon.

 

Si tu rentres pas dans la norme, t’as aucune chance de plaire.
Si ton corps a des formes, faut le sculpter à coup d’haltères.
Si ton cheveux est terne, faut le huiler comme vache à traire.
Et puis si t’as des cernes, faut les poncer au papier de verre.

 

On te demande pas ton avis, on te dit “sois-belle et tais-toi!”
Et toi même quand t’as pas envie, tu te crépis de mascara
Parce que ton but c’est d’être jolie, même pour les gens qui n’te voient pas.
Feu d’artifices au saut du lit, le début du branle-bas de combat.

 

Moi, à 12 ans, je portais des sweet à capuche.
Et quand j’avais l’ennui de maman, j’allais le dire à mes peluches.
Toi tu marches en Louboutin avec tes peluches dans l’soutif
Parce que t’as pas encore de seins mais que t’as l’instinct inventif.

 

J’sortais d’l’école en jogging, j’avais des chaussures à velcro.
Y’avait pas les reines du shopping pour me dire que c’était pas beau.
Toi t’as des ongles à paillettes, du loup mort sur ton manteau
Mais tes dents-de-lait ne sont pas prêtes de laisser la place à tes crocs.

 

Tu snap, tu tweet, tu date et tu swipe,
Tu rentres en salle de classe comme si tu tournais dans un clip.
Moi j’avais un 3210 avec des boutons à presser
Et je passais toutes mes récrés à presser ceux qu’j’avais sur le nez.

 

Tu fais l’école buissonnière quand tu foires ta mise en plis
Parce que dompter ta crinière, c’est garder tes amis.
Avec mes potes on était fiers de s’tatouer au stylo bille
Des moustaches de grand-père et sur le front des zizis.

 

Les peintures de guerre, c’était que pour Carnaval
Mais on se tartinait la face de l’occiput aux amygdales.
Maintenant c’est monnaie courante comme un rituel matinal,
Tu te forges ton entité avec du gloss et du Kajal.

 

De mon temps, on avait déjà un nombril
Mais le mettre en avant n’voulait pas dire avoir du style.
On avait le ventre rond parce qu’on se goinfrait de Smarties.
Toi les Smarties tu les vends et c’est plus la même friandise.

 

On jouait à chat perché avec le facteur du village
Et quand on piquait son courrier, il nous traitait d’enfants sauvages.
Toi t’es sanglée à un écran comme un cheval à son attelage,
Alors c’est sûr que forcément, tu parais sage comme une image.

 

Les quatre saisons de l’année face aux trois saisons de l’humain:
Enfant, adulte, aîné et nouvel an sans lendemain.
La vie c’est du one-shot jusqu’au générique de fin.
Tu la commences dans un berceau pour la finir dans une boîte en sapin.

 

La morale de cette histoire ne mérite pas de prix Nobel.
J’ai pas de conseil à donner, j’ai même pas l’instinct maternel.
Mais ma trentaine est entamée et dans mon poivre il y a du sel,
Je suis assaisonnée mais j’ai grandi au naturel.

 

Alors vieillir ça fait pas d’mal sauf si c’est du superflu.
J’avais le nez dans un journal, à la recherche du temps perdu.
Quand on m’a dit “Bonjour Madame” à la caisse du super-U,
Devant moi, c’est du 12 ans haut de gamme qui a répondu.

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Instru minimum, volume maximum,
Grosses basses et rythme qui assomment.
Chanson avec peu de paroles, moins de couplets, plus de refrains.
Chanson conne, chanson qui parle de rien.

 

Poésie aux oubliettes, ça fait plus vivre aujourd’hui.
Faut faire un tube ma Pool, c’est comme ça qu’on réussit.
Faut faire un tube cool, même si c’est pas joli-joli.
Faut faire un tube que les foules pourront chanter aussi.

 

Voici une petite mélodie qui s’agrippe à la cervelle,
Que personne n’oublie, qu’on siffle en faisant la vaisselle.

 

Et y’a un petit pas de danse que les enfants pourront refaire
Dans la cours de récré et sous les yeux de leur mère.
Ça boostera les audiences, ça fera grimper mon salaire
Même si c’est pas demain la veille que je deviendrai millionnaire.

 

Faudra qu’j’arrête les cols-roulés, que je me mette aux décolletés,
Que je me fasse tatouer, que je m’habille comme Beyoncé,
Que je détache mes cheveux, je vais les couper un peu.
D’ailleurs le blond m’irait mieux, puisque mes yeux sont bleus.

 

Faudra qu’j’arrête de trop sourire et de dire que j’aime les gens.
Il ne faut pas trop s’ouvrir, il vaut mieux rester prudent.
Le monde est truffé de vermines qui tournent comme des requins.
Heureusement que vous êtes là et que vous n’voulez que mon bien.

 

Je rêve d’une vie de Rock Star mais je me couche avant minuit.
J’sais même pas rouler un pétard et j’ramène personne dans mon lit.

 

Mais j’ai trouvé une mélodie, qui s’agrippe à la cervelle,
Que personne n’oublie, qu’on siffle en faisant la vaisselle

 

J’ai fait le buzz dans mon quartier quand j’ai dit que j’avais un tube,
Même le fils de mon banquier m’a dit qu’il ferait de la pub.
C’est là que commence le showbiz, derrière ma porte d’entrée.
J’t’ouche pas encore les royalties, mais j’ai déjà le chèquier.

 

J’partirai en Jet Privé jusqu’à mon yacht secondaire,
J’me ferai même opérer pour soigner mon mal de mer.

 

Tout ça grâce à cette mélodie qui s’agrippe à la cervelle,
Que personne n’oublie, qu’on siffle en faisant la vaisselle

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Je ne crains pas les coups du sort
Quand je les entends arriver,
En entrechats, en pas chassés,
Lorsqu’ils font partie du décor.

 

Rien n’arrive jamais par hasard,
Ni les coups durs, ni les victoires.
Tombe la veste des remords
Quand se rhabillent les coups d’un soir.

 

Je ne crains par les coups de sang
Qui éclaboussent mes vitres,
Si la confiance se gagne en gouttes,
L’amour, lui, se perd en litres.

 

Quand les coups de grâce perforent
Les coups de coeur déjà meurtris,
Alors les couleurs de mon corps
Ressemblent aux papillons de nuit.

 

Je ne crains pas les coups de vent
Qui balayent mes souffrances,
Celles qui s’illuminent unes à unes
Quand la nuit se pointe en avance.

 

S’il faut s’armer de patience
Pour tuer le temps,
J’offrirai mon âme à la science
D’ici 150 ans.

 

Je ne crains pas les coups de feu
Qui transpercent ma porte,
Qui me demandent un peu honteux
Où enterrer les langues mortes.

 

Nos dialogues de sourds,
Les boutades, les calembours…
Si les cimetières n’ont plus de place,
Il reste le tombeau de l’amour.

 

Je ne crains pas la canicule
Ni l’apparition des vipères.
Même si je sens que mon dos brûle,
Je traverserai les déserts.

 

Comme un touareg à la peau nue,
Sans caravane et sans chameau,
C’est dans les dunes à perte de vue
Que je construirai mon château.

 

Sans coup de blues, sans coup d’état,
Sans coup de main et sans coup bas,
C’est grâce au temps qui passe que les princes
Deviennent un jour des rois.

 

Des valets de pique en plein cœur,
Des as de trèfle mauvais joueurs,
Epinglant les cartes perdantes
Sur les branches des saules pleureurs.

 

En regardant dans le ciel
Voler les papillons de nuit,
Et les couleurs au ton pastel
Du jour qui s’était endormi.

 

Laissant couler la pluie
Sur le visage des gens heureux,
Qui se relèvent un peu groggy
Quand ils sont tombés amoureux.

 

Si Cupidon est voyageur,
Il ne se repère qu’aux étoiles,
L’accord de nos corps qui l’écÅ“ure
Lui a fait hisser les voiles.

 

Naviguant vers l’horizon
Jusqu’à ce que mes larmes sèchent,
Car si tes yeux étaient les arcs,
Tes regards en étaient les flèches.

 

Je ne crains par les coups de sang
Qui éclaboussent mes vitres,
Si la confiance se gagne en gouttes
L’amour lui se perd en litres.

 

Quand les coups de grâce perforent
Les coups de coeur déjà meurtris,
Alors les couleurs de mon corps
Ressemblent aux papillons de nuit.

Aux papillons de nuit.
Aux papillons de nuit.

Petit

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Toi qui penses que la perfection n’existe pas sur cette planète,
Laisse-moi te parler un peu du pays qui inventa la raclette!
On n’a peut-être pas eu Gustave Eiffel ni Napoléon Bonaparte
Mais Guillaume Tell vaut bien tous les monuments qu’on peut trouver sur une carte.

 

La Suisse, paradis rikiki qu’on associe souvent au ski,
Abrite 4 langues dont une que personne ne comprend, c’est l’pètchi.
Une sorte de «Bulletin-tintamarre-marabout-bout-de-ficelle».
Enfin, je te laisse deviner c’est laquelle.

 

En Suisse, on a un dictionnaire codé pour tromper l’ennemi.
On utilise des mots que personne ne connaît, comme panosse ou tricouni.
Bien que ça fasse un peu cheni dans la langue de Molière,
On s’en foehn le rösti parce qu’on en est vachement fier.

 

Le Suisse parfait n’existe pas vraiment.
En revanche Le Parfait suisse est devenu un classique gourmand.
Du foie de porc, un peu d’huile, beaucoup de sel et de la levure de bière,
S’embrassent dans un tube rouge qui trône dans toutes les portières de frigidaires.

 

On a de fins gastronomes dans le catalogue suisse,
Comme par exemple le mec qui a inventé le Cenovis.
Les plus réticents disent qu’il s’est planté dans sa recette
En voulant initialement créer une pâte à tartiner choco-noisette.

 

En Suisse, on fait de la contrebande de charcuterie.
On attend que le feu soit vert pour traverser, même quand c’est la nuit.
On habite en face d’une banque mais on va braquer une étable.
On vote à main levée et puis c’est moche mais on pisse dans l’eau potable.

 

Le Suisse n’est pas lent, il s’exprime promptement,
En prenant le temps de prouver par A plus B aux touristes ignorants,
Que nos lacs ne piqueront jamais feu, de Dieu !
Pour autant que Deep Purple ne revienne pas jouer à Montreux.

 

D’ailleurs, t’es un peu à Suisse-sur-Mer quand tu vas au bord d’un lac.
Tu paies ton café avec ton treizième salaire, tu vends ta Rolex, t’achètes une Flic-Flac,
Tu touilles ta fondue gruyère-caviar dans le sens des aiguilles,
Sous les yeux d’un montagnard qui te crie: «Fais gaffe, moins vite, sinon elle chie!»

 

En Suisse, on a Roger Federer, champion planétaire…
On n’a jamais gagné la Coupe du Monde malgré nos brillants footballers
Mais c’est voulu, car on sait bien que l’or jaune noircit les cÅ“urs.
On a préféré créer le couteau suisse avec option tire-bouchon,
Parce qu’on a compris que le vin n’était bon que si l’on parvenait à ouvrir le flacon.

 

Bah oui, La Suisse c’est les apéros avec fromage et saucisse.
C’est le Pays des Merveilles ou la meringue double crème a remplacé Alice.
Nous on n’a pas besoin de partir en vacances sur la Côte d’Azur,
On a une plage 5 étoiles sur la Place d’Armes de Bure.

 

Tu connais la différence entre Florence, Nancy et Bâle ?
Bah à Bâle, personne ne s’appelle Bâle.
Il y a des Ueli, Doris, Joseph, Ruth, Hans, Samuel
Mais aucune ville ne porte le prénom d’un Conseiller fédéral.

 

En Suisse, l’animal de compagnie c’est pas le chien, c’est la vache.
Et si t’en n’as pas une dans ton jardin, je te jure que ça fait tache.
Quand on la trait d’ailleurs, c’est pas du lait qui sort de ses tétines,
C’est soit du Rivella, soit de l’Ovomaltine.

 

Ici, on a grandi avec Henri Dès et Albert le Vert.
On a inventé les habits avec velcro et fermeture éclair.
Chez nous, les stars se baladent sans body-guard et sans bonnet.
Et si personne ne les regarde, c’est parce que personne ne les connait.

 

La légende dit que tout ce qui est rare est précieux,
C’est pour ça qu’on se fout du fric, c’est de loin pas ce qui nous rend heureux.
Alors on utilise des liasses de billets verts comme allume-feux.
Et si ça sent l’beutchon, c’est qu’on a fait flamber nos cartes bleues.

 

Le Suisse ne vit pas sur la terre, c’est la terre qui vit en-dessous du Suisse.
Le Suisse peut monter en bas, descendre en haut,
Faire des ronds avec une équerre, diviser zéro par zéro.
Bref! Finalement, le parfait Suisse existe… Et il n’est pas que dans la porte d’un frigo.

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Tu es une couleur à toi seule
Que même les peintres ne connaissent pas.
Une variété de tournesol
Qui pousse en hiver, dans le froid.

 

Tu rends le mimosa glaïeul
Et les glaïeuls deviennent gagas
De se faire sourire à la gueule,
À chaque fois que je pense à toi.

 

Tu es le mot que personne ne connaît,
Que les poètes recherchent dans la forêt.
Tu es le verbe au plus-que-parfait,
Tu es le soleil du mois de mai.

 

Tu es le poivre au goût de cannelle,
Le piment à la saveur du miel,
L’article qui n’se trouve pas en rayon,
Celui dont on n’sait même pas le nom.

 

Tu es l’irréel, l’immortel,
Le factuel intemporel.
Mythologie intégrale
Issue d’un rêve en rafale.

 

Je te croque sur des pages blanches
À l’image de mes nuits
Et je tatoue sur tes hanches
L’adresse de mes envies.

 

Tu es la pluie du jour férié,
Celle qui m’empêche de sortir.
Quand tu t’écoules dans mes vallées,
Ce sont mes torrents qui transpirent.

 

Tu es le froid de février,
Celui qui azure mes paysages.
Lorsque mes étangs sont gelés,
Moi je les traverse à la nage.

 

Pour te retrouver en cavale
Dans un terrier, une cathédrale,
Je veux bien devenir astronaute
Pour te rejoindre dans les étoiles.

 

Comme un funambule ambulant,
Soldat de la guerre de Cent Ans,
Tu es la lune que j’aimerais décrocher
Pour en faire une bague ou un collier.

 

Comme un cracheur de feu pyromane,
J’irai incendier les volcans
Pour que la chaleur te chicane
Et te fasse suer lentement.

 

Je te récolterai en gouttes
que l’on prendra pour rosée,
Sur les fruits sucrés du mois d’août
Que je regarderai pousser.

 

Je te ferai bouquet de plumes,
Feu d’artifice qu’un rien n’allume
Et nous écraserons les coutumes
Entre le marteau et l’enclume.

 

Je t’inventerai des sobriquets
À chaque minute de la journée,
Que je garderai en secret,
Inscrits sur un papier chiffonné.

 

Le même que je gribouille pendant les nuits,
Ces nuits qui se mutent en années,
Celles qui auraient pu être si jolies,
Si tu avais fini par arriver.

 

Par arriver d’une autre vie,
D’un notre Père d’un autre temps,
D’une intemporelle galaxie
Où les croquis deviennent vivants.

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Il est des pistes où l’or est blanc, où la poudreuse est comestible,
Où les corbeaux deviennent toucans avec une pupille invisible.
Et pour seule musique c’est le vent, inhalation susceptible
De faire vaciller le temps dans un présent peu flexible.

 

Il est des bars où le Tonic ne fait pas partie de la trame.
Tu trinques aux produits chimiques qu’on te portionne en milligramme.
Coca sans glaçon, sans bulle et sans aspartam,
Composants peu séduisants dans le scénar d’une réclame.

 

Il est des prises où le courant n’allume pas de lumière.
Le sourire a les bras ballants et le faciès devient glacière,
Détrousse des miroirs en cachette pour les coucher sur la table.
Il faut bien se mirer honnête avant de finir tout minable. Non ?

 

Il est des fêtes où tu n’fêtes rien et tu arrives les poches vides.
Mais tu en repars complètement plein, c’est par le nez qu’tu t’remplis l’bide.
Tu te nourris de pâles délires, c’est peut-être ça qui t’rendra dingue.
Pas toujours facile de choisir entre la bouffe et la déglingue.

 

Am stram gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Amstram!
Amstram came,
Snifez snifez milligrammes!
Bourrez vos nez Messieurs-Dames!
Amstram!

 

Il est des vies où le tourment se domestique par les sinus,
Où le gentil s’appelle “méchant”, aussi perfide qu’un cactus.
C’est pas le fruit qui est menaçant mais les picots qui le tapissent.
À consommer du boniment, tu passes du zénith aux abysses.

 

T’as pas la frousse de la police mais c’est le vice qui te tracasse.
Quand t’as la tristesse à tes trousses, tes angoisses deviennent tes complices.
Elles tressent de fausses astuces cocasses qui te cadenassent dans la détresse,
Celle qui efface les traces en douce de tes cicatrices de surface.

 

Il est des lignes entre lesquelles il ne vaut mieux pas lire.
Ces lignes sans consonnes ni voyelles, aussi précieuses que le saphir.
Celles qui te font robot de bois dont les charnières se dévissent
À la vitesse du grand malfrat, dans le viseur de la justice.

 

Quand les étoiles se font poussières, l’univers tire à courte paille
Entre les portes de l’enfer et un paradis en pagaille.
C’est un voyage en stratosphère mais y’a personne au gouvernail.
Une euphorie mensongère, présage d’un train-train qui déraille.

 

Un beau jour ou peut-être une nuit,
Près d’un arbre, tu seras endormi,
Sur le marbre on pourra lire ce fragment de devise:
“Il n’y a pas plus tranchant que le couteau que tu aiguises”

 

© 2020 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

D’abord, on pose le décor, après on réfléchit.
On adore se noyer dans des énigmes existentielles.
Puis, on pose les plaques, ça c’est le déni.
Comme quand t’es petit et puis qu’un jour, t’arrêtes de croire au père Noël.

 

Alors on dépose le bilan et on s’invente les réponses,
Parce qu’il faut dire qu’entre-temps, on a oublié les questions.
C’est un peu con l’être humain, quand on y pense.
Ça veut tout connaître de la vie mais ça n’sait que tourner en rond.

 

Où dort le soleil quand il se couche ?
Où va le bleu du ciel lorsque la nuit tombe ?
Est-ce que la lune respire aussi par la bouche ?
Est-ce qu’elle entend le bruit que font les bombes ?

 

Où va la flamme lorsqu’on éteint la bougie ?
Y-a-t-il des étoiles jusqu’au bout du paradis ?
Comment peut-on consoler un saule pleureur ?
Est-ce qu’il est en larmes lorsqu’il est en fleurs ?

 

On s’en fout, tais-toi, ça change rien, arrête
De vouloir tout savoir, de poser des questions bêtes !
On s’en fout, tais-toi, ça change rien, arrête
De vouloir tout savoir, laisse dormir ta tête !

 

Est-ce que l’éternité peut devenir un quotidien ?
Est-ce que des gens sont payés pour chercher l’aiguille dans le foin ?
Est-ce que le temps est plus souple sur les montres molles ?
Peut-on arrêter des comètes en plein vol ?

 

Quel est le synonyme du mot synonyme ?
Que mime un mime lorsqu’il mime un mime ?
Est-ce que les baisers meurent quand l’amour s’en va ?
Est-ce que l’eau de vie est plus concrète que l’au-delà ?

 

Si une perle naît d’un caillou dans une coquille,
Est-ce qu’un printemps éclot d’un mois de mai dans une jonquille ?
Est-ce qu’un secret résulte d’un tabou dans une cachoterie ?
Les excuses proviennent-elles d’un contrecoup que l’on oublie ?

 

Combien se vend la peau de l’ours qui est encore vivant ?
Si le vent éteint les petits feux pourquoi est-ce qu’il ravive les grands ?
Un sommeil lourd est-il un échantillon de mort ?
Les sans-abris ont-ils vraiment des prénoms à coucher dehors ?

 

 

On s’en fout, tais-toi, ça change rien, arrête!
Tais-toi, tais-toi, tais-toi, arrête!
Tais-toi, on s’en fout, tais-toi,
Arrête de poser des questions bêtes, bêtes, bêtes, bêtes !

 

A quoi pensait le mec qui a inventé les flingues ?
Pourquoi les gens les plus puissants sont toujours les plus dingues ?
Est-ce que les gauchers passent l’arme à droite ?
Est-ce que ce sont les larmes qui ne coulent pas qui rendent nos mains moites ?

 

Est-ce que c’est Murphy qui a voté la loi des séries ?
Le sexisme existerait-il s’il n’y avait pas de filles ?
Est-ce que les blagues des chauves peuvent être tirées par les cheveux ?
Pourquoi on n’dit pas “un grand beaucoup” alors qu’on dit “un petit peu” ?

 

Le lait est-il raciste envers le café noir ?
Si y’a des fautes dans l’dictionnaire comment fait-on pour le savoir ?
Le fruit du hasard, est-ce qu’il est comestible ?
Est-il absurde de désirer l’impossible ?

 

Si un de perdu c’est dix de retrouvés,
Peut-on nous indiquer à quelle adresse il faut aller chercher ?
Est-ce que les oiseaux couchent cachés dans les nuages ?
Que raconte l’histoire du livre pour tourner la page ?

 

On s’en fout, fout, fout, t’es – t’es – t’es fou,
Tais – tais – tais-toi, t’es – t’es – t’es bête, bête, fou, bête, fou
Bête, bête, fou, bête, fou…
Laisse dormir ta tête !

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Je suis la reine de la provoc,
Je fume du shit at six o’clock.
Pas besoin de café
Pour me réveiller.

 

Une ligne après l’autre,
Je sniff et je me vautre
Dans mon canapé doré
Où je passe toute ma journée.

 

I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so fantastic.
I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so magic.

 

Je suis la reine de la provoc,
Je mange du caviar sous ma hotte,
A la petite cuillère,
Du déjeuner jusqu’au dessert.

 

Je suis la reine de la provoc,
Je fais partie de la Jet Set.
Moi je suis une femme qui choque,
Car moi l’argent je le jette.

 

I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so fantastic.
I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so magic.

 

Je suis la reine de la provoc,
J’ai des chaussures en peau de phoque
Et je me déplace en carrosse
Tiré par des rhinocéros.

 

Je suis la reine de la provoc,
Moi je nage dans la drogue,
Des bains de cocaïne
Aux infusions d’héroïne.

 

I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so fantastic.
I’m so chic, I’m so perfect,
I’m never sick, that’s why I’m so magic.

 

I’m so sexy when I am endormie,
I’m so beautiful when I am dans la foule.

 

© 2008 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

25ème heure de la journée,
8ème journée de la semaine,
5ème semaine du mois de mai,
13ème mois de l’année.

 

Printemps, hiver, automne, été,
Même les saisons sont mal rangées.
6ème semaine du mois de mai,
Je sens le temps s’arrêter.

 

62ème minute de l’heure,
Les statues se mettent à bouger,
Dansent au milieu des arbres en fleurs,
Arpentent les rosiers.

 

Comme une touriste un peu paumée,
Je voltige dans des catacombes.
7ème semaine du mois de mai,
Mon corps devient colombe.

 

Je recherche l’entrée d’une fête
À laquelle je suis invitée.
Je me suis coiffée d’une crête
Et d’un veston doré.

 

Je recherche l’entrée d’une fête
À laquelle je suis attendue.
J’ai mis sur mes joues des paillettes
Et une robe fendue.

 

Je passe une porte sans poignée.
On entend la foule en délire,
Le bal a déjà commencé.
Mon sang devient menhir.

 

Sur la piste aux milles couleurs,
On voit des têtes mais pas de pieds.
Personne ne semble avoir peur,
Mon coeur devient gravier.

 

Le bar est au 2ème étage
Mais il n’y a pas d’escalier.
On sert le vin dans des nuages
Qui pleuvent par gorgées.

 

Les murs sont en brouillard de rêve,
Le plafond en briques de néant,
Les femmes sont en tenue d’Eve,
Les garçons en tenue d’Adam.

 

Je repère de vieux amis
Au bras de leurs nouveaux amants
Et quelques membres de ma famille
Qui s’approchent en riant.

 

Mes animaux de compagnie
Que j’avais quand j’étais enfant
Et puis deux vieux qui se charrient…
Bon Dieu, mes grands-parents!

 

J’ai trouvé l’entrée de la fête
À laquelle j’étais invitée.
Mon corps se transforme en squelette,
Coeur en béton armé.

 

J’ai trouvé l’entrée de la fête
À laquelle j’étais attendue.
L’adresse était tenue secrète
Jusqu’à ma venue.

 

Que tu claques dans un palace,
Sur un trottoir, dans un berceau,
T’auras toujours la même place
Au club des gens égaux.

 

Que tu crèves avec classe
Dans les méandres ou au plus haut,
Tu referas toujours surface
Au club des gens égaux.

 

La mort guette, trépigne, menace,
Elle nous porte sur son dos.
Mais c’est elle qui nous embrasse
A l’entrée du tombeau.

 

Et si personne n’en revient,
C’est parce qu’on ne trouve plus la sortie.
Ou alors c’est peut-être bien
Que l’wifi est gratuit.

 

© 2019 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Temps mort, temps perdu,
Temps tué à tue-tête,
On est têtus mais là, c’est le temps qui nous a eus.
On peut bien tenter de tâter à tâtons le béton
Mais même si c’est tentant, on doit rester dedans.

 

Le temps c’est de l’argent,
J’crois qu’ça c’est bien connu
Mais tout le temps qu’on perd,
Bah c’est celui qu’on n’rattrapera plus

 

Alors moi j’fouille dans les temps forts,
Dans les souvenirs, dans les décors.
J’retourne vivre au bon vieux temps
Où tout fonctionnait encore.

 

À vingt ans, j’étais avec papa maman,
On se prenait dans les bras
Et si nos mains avaient des gants,
C’est parce qu’on faisait la vaisselle
Et qu’on voulait aider maman.
Moi j’faisais des bulles arc-en-ciel
Et papa tapait dedans.

 

À 15 ans, j’étais avec papa maman,
On se prenait dans les bras
Et si nos bouches étaient masquées,
C’est qu’on portait un bandana
Pour faire une blague à mémé
En l’honneur de cette fois
Où elle avait perdu son dentier.

 

À 10 ans, j’étais avec papa maman,
On se prenait dans les bras
Et si papa toussotait,
C’est qu’il avait bu en riant
Pendant que maman lui disait
Que pour elle le pied géant
C’était d’manger d’vant la télé.

 

À 5 ans, j’étais avec papa maman,
On se prenait dans les bras
Et si maman pleurait,
C’était parce que papa passait
La musique que maman aimait.
Et moi je pleurais aussi
Juste parce que j’en avais envie.

 

Puis avant, et bein j’étais pas là hein.
Ils se prenaient dans les bras
Et quand ils s’embrassaient,
Et bein ils s’embrassaient
Parce qu’ils pouvaient s’embrasser.
Et avec leur bonne volonté
C’est grâce à ça que je suis née.

 

Et maintenant, je suis loin de papa maman.
On n’se prend plus dans les bras
Parce qu’on s’aime différemment.
Et heureusement que la loi
N’interdit pas les écrans
Parce que c’est drôle de voir papa
Sur le téléphone de maman.

 

On n’est pas seuls dans ce tourment
Mais on est tous isolés
On nous a volé un printemps,
Un de perdu, dix de retrouvés.

 

C’est p’t’être une phrase à la con
Mais autant devenir philosophe
Quand on a l’moral en portion
Caché sous un morceau d’étoffe.

 

Alors “Big Up” aux astronautes,
À leur confinement volontaire!
Les quarantaines les plus hautes
Doivent être plus chiantes que celles sur terre.
Sauf qu’ici c’est pas notre faute,
On n’le fait pas pour un salaire
Mais pour pouvoir marcher dehors
Et faire la bise à son grand-père.

 

Et c’est qu’une question de…

 

Temps mort, temps perdu,
Temps tué à tue-tête,
On est têtus mais pour une fois, c’est le temps qui nous a eus.
On peut bien tenter de tâter à tâtons le béton
Mais même si c’est tentant, on doit rester patients.

 

© 2020 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Je suis

HOLOGRAMME

Je suis

Des miettes sur le canapé

L'inverse de toi

Luis Mariano

Hologramme

C'est normal

Toutes les minutes

J'aurai le temps

Le pire

Grandir sous ton aile

Une pression, impression, dépression, régression

Je me marre, je démarre, me sépare, je me barre

Je suis moi, je suis vous, tu es fou, je suis nous

Venez à moi ou moi à vous, à bout de bras, les bras au cou

 

Je suis vierge, je gamberge, sous la terre, je submerge

Manque d’oxygène, je suis vilaine, même égoïste, la coupe est pleine

Je suis de feu, je suis si peu, mais tellement mieux sans mes cheveux

Je suis rien, je suis bien, je suis maintenant, je suis demain

 

To be or not to be, je suis comme je suis

Jour après jour, je ne change pas, je vis

 

Je suis sauterelle et hirondelle, mâle et femelle, je suis jumelle

Je suis forêt, je suis tableau, je suis balai, je suis piano

Je suis l’hiver, je suis la mer, je suis l’équerre, ses angles amers

Je suis le jour, je suis le nord, je suis la mort, je suis l’amour

 

Je t’écris, tu souris, je mange plus, je maigris

Je suis l’idée, je suis l’aînée, je suis la bombe et sa portée

Je suis fumée, je suis aimée, je suis mariée et condamnée

Je suis la feuille de l’écureuil, je suis clin d’oeil après le deuil

 

To be or not to be, je suis comme je suis

Jour après jour, je ne change pas, je vis

 

Je suis caillou, je suis joujou, je suis hibou et je suis pou

Je suis décembre, je suis mon ombre, je suis la barque, celle qui sombre

Je suis le phare, je suis têtard, je suis bagarre, je suis poignard

Je suis l’heure pile, le jour tranquille, je suis débile, j’en perds le fil

 

To be or not to be, je suis comme je suis

Jour après jour, je ne change pas, je vis

 

Je suis l’ombre du ciel au soir, je suis le marc du café noir

Je suis la femme et je suis l’homme, je suis la came, je suis la somme

Je suis moi, je suis vous, tu es fou, je suis nous

Venez à moi ou moi à vous, à bout de bras, la corde au cou

 

To be or not to be, je suis comme je suis

Jour après jour, je ne change pas, je vis

​

© 2009 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Y’avait des miettes sur le canapé
Une cigarette écrasée dans le fond d’un cendrier
Quelques verres de tequila renversés sur le parquet
Une liste d’idées noires jetée par-terre et chiffonnée

 

Y’avait des restes pour l’heure du dîner
Une belle assiette emballée dans du papier d’alu doré
Avec une drôle d’odeur qui débordait sur les côtés
La bouffe était vivante, chronique d’un repas oublié

 

Y’avait des cheveux dans le lavabo
Deux brosses à dents enlacées, un dentifrice saveur coco
Quelques bouteilles de parfum alignées comme des dominos
Une lettre écrite à la main avec des insultes au verso

 

Y’avait trop d’eau dans le gaz et pas assez dans le vin
C’était écrit en majuscules, “tu n’es pas tout, je n’suis pas rien
Les mots m’en tombent et, dans mon corps, j’ai le coeur qui perd la tête
Et mes pensées qui se déchirent comme un ciel zébré de comètes”

 

Y’avait des braises dans la cheminée
Et les cendres d’une histoire qui était partie en fumée
Une boîte fermée à clef était déposée dans le feu
Sur le couvercle c’était gravé “nos plus beaux souvenirs à deux”

 

Y’avait des larmes sur un oreiller
Et des rêves collés au plafond par centaines et par millions,
Les rancoeurs d’un amour blessé, les reproches pas digérés
Qui ressuscitaient dans le noir une fois la nuit tombée

 

Y’avait du vent dans les marronniers
Qui faisait danser les feuilles dorées par la fin de l’été
Pendant que les tempêtes en mer jetaient les vagues sur les rochers
Et que les poumons de son coeur buvaient la tasse à sa santé

 

Y’avait des cris dans un hall d’entrée
Des baffes perdues, des coups manqués, des valises pleines à craquer
Des clefs rendues, une porte claquée, un dernier cadeau lancé
Enroulé dans du satin à déballer dans l’escalier

 

Y’avait une bague dans une fleur séchée
Et sur chaque pétale replié, au crayon noir c’était noté:
“Même si parfois le temps nous fane, les hivers finissent par passer,
Deviens l’étincelle de ma flamme, veux-tu bien m’épouser ?”

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Parle, tais-toi, articule
Ferme les yeux, regarde-moi
Va-t’en, bouge pas, gesticule

 

Viens vers moi, reste ici depuis là-bas
Caresse-moi de tes pensées
Pense à moi de tes dix doigts

 

Sers-moi encore pour que je t’ignore
Hurle en silence, énerve-toi de bon sens
Regarde en bas, la tête haute
Marche droit dans les courbes des contours de mes côtes

 

Embrasse-moi bouche fermée dans un élan de souffle coupé
Respire par la peau à poumons essoufflés
Pleure, ravale tes larmes évaporées
Parle-moi du bon temps qui ne t’est jamais arrivé

 

Dis-moi des mots doux, moins gentils, plus piquants
Frappe-moi de coups de velours, bats-moi de tes bisous
Déteste-moi d’amour en taisant tes “je t’aime”
Saute-moi au cou en murmurant des poèmes

 

Sois l’inverse de toi, reste intact, ne joue pas
Sois modeste de prétention, on est trop nul quand on est bon
Deviens la femme au masculin, l’homme au féminin
Deviens cette nature morte plus vivante qu’un humain

 

Avale, recrache, mes paroles et ton sang
Mes reproches, tes désirs et les mots que tu trouves craquants
L’odeur de ma peau qui décapite tes sentiments
Les regards dans ton dos de la bête du Gévaudan

 

Allez viens dans mes bras, caresser mon ego
Embrasser ma poix, mes feuilles et mes oiseaux
Allez viens jouer dehors, viens jouer dans mon bateau
Promis, je te laisserai gagner à Papier-Caillou-Ciseaux

 

Eteignons la lumière, c’est dans l’ombre que les coeurs causent
Et on voit beaucoup mieux les yeux quand on voit un peu moins les choses
Tiens-toi debout, allongé, à genoux, écorché
Mort ou vif, écolier, voleur ou shérif

 

Parle, tais-toi, articule
Ferme les yeux, regarde-moi
Va-t’en, bouge pas, gesticule

 

Viens vers moi, reste ici depuis là-bas
Caresse-moi de tes pensées
Pense à moi de tes dix doigts

 

Sers-moi encore pour que je t’ignore
Hurle en silence, énerve-toi de bon sens
Regarde en bas, la tête haute
Marche droit dans les courbes des contours de mes côtes

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

J’ai pété du papier bulle à longueur de journée,
J’ai fixé le blanc du mur de ma chambre à coucher
J’ai attendu le crépuscule depuis l’heure du lever
J’ai dîné en mangeant dans les couverts du petit déjeuner

​

J’ai rien voulu répondre quand on m’avait demandé
De décliner mon rêve de carrière et un choix de métier
J’me souviens avoir versé toutes les larmes de mon corps
Le jour où ma maman m’a dit “Mon trésor, va falloir bosser”

​

Alors j’ai dû choisir, j’y ai réfléchi à deux fois
Le choix B ou le choix A, le B à Ba de l’employé
Le mauvais film de série B, j’préfère rien faire, enfant gâté
Je postulerai dans un domaine où on est payé pour glander

​

Et puis un jour, j’ai ouvert mon frigo
Et j’n’y ai vu que l’portrait de Luis Mariano

​

J’ai arpenté les rues à la recherche d’une petite annonce
En marchant sur des pigeons comme sur des clous qu’on enfonce
Tête baissée, majeur dressé, d’un pas décidé
Pas le temps de batifoler, sauf si on m’offre un café

​

J’ai débarqué chez Pôle Emploi, sourire aux lèvres comme il se doit
Et puis j’ai donné mon CV qui tient sur un post-it plié
Je portais une mini-jupe, un push-up, un décolleté
Pas de chance, merde, le mec en face était pédé

​

Je lui ai dit “Bonjour Monsieur, enchantée de me recevoir,
Je postule pour un salaire ou pour du travail au noir,
J’suis plus très jeune et pas franchement motivée
Mais j’ai un vieux dans mon congélo à qui j’dois donner à manger”

​

Et puis plus tard, j’ai réouvert mon frigo,
Luis Mariano était couché sur le dos

​

J’suis ressortie dans la rue, j’ai refait le même chemin
De retour chez Pôle Emploi j’ai levé les deux mains
J’ai dit au mec “écoute-moi bien, tu vas m’trouver du travail,
Sinon tu vois ces deux veines là, hé bien, j’me les entaille”

​

J’ai eu une sensation étrange, comme si je quittais le sol
Le sentiment d’être soutenue, légère comme un oiseau qui vole
J’avançais à reculon, empoignée par le chignon,
Direction sortie, escortée par deux gorilles

​

De retour sur le trottoir j’me suis dit que c’était pas gagné
Que je n’étais sûrement pas faite pour trouver un vrai métier
Un mec a ralenti, m’a demandé le tarif pour la nuit
Je lui ai dit “mon canard, je suis absolument hors de prix”

​

Puis le soir, j’ai ouvert mon frigo
Luis Mariano pleurait à larmes de croco

​

J’ai acheté du papier bulle que je tripotais dans le noir
J’ai fixé le blanc des murs avec tous mes amis clochards
J’ai attendu le crépuscule, du matin jusqu’au soir
Finalement les jours sont beaux, sans champagne et sans caviar

​

Maman m’a dit “c’est pas une vie, tu peux pas finir comme ça,
Je ne t’ai pas mise au monde pour que tu flemmes comme un chat
Bouge ton cul, aie le déclic, fais quelque chose de tes dix doigts,
Tu verras le fric c’est chic, même si tu es hors la loi”

​

Et puis le soir, j’ai ouvert mon frigo
Luis Mariano était parti pour Mexico

​

© 2016 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Est-ce que tu as déjà eu le sentiment de rencontrer quelqu’un qui n’existait pas ?
Ce genre de personnage fictif que tu croises dans un polar
Qui te semble tellement réaliste et mille fois mieux dessiné que toi
Parce que tu l’as créé en 3D dans ta carte mémoire

 

C’est comme une ombre de spleen coloriée à l’encre noire
Ou un croquis au fusain griffonné à main levée
Avec une peau de papier où chaque pli serait un code barre
Et t’oses pas lire entre les lignes, sinon tu vas les froisser

 

C’est comme un hologramme que tu croises dans la rue
Que tu regardes traverser, qui marche toujours devant toi
Quand tu accélères pour le rattraper, pour lui parler, lui sauter dessus,
Il avance de plus en plus vite, il avance au rythme de tes pas.

 

Tu le cherches partout du regard, dans chaque foule, sur chaque trottoir,
Sur chaque quai de chaque gare
Parfois, tu l’entends rigoler, tu as l’impression qu’il est là, au fond du couloir
Alors tu sors, tu allumes ton radar et “paf”, Il a disparu, comme par hasard

 

Puis la nuit, il te réveille en mettant tes rêves en sourdine
Il s’agenouille au pied de ton lit pour chuchoter dans tes oreilles,
Te parler de ta propre vie qu’il connaît comme une vieille copine
Toi tu restes figé à l’écouter, comme un lingot d’or platine

 

Pendant ce temps, il relate tes faits et gestes qu’il a épiés.
Il connaît tes goûts, tes peurs, les rages que t’as pas digérées
Tes passions , tes rêves, les trucs que tu adores
Et quand tu ouvres les yeux pour le faire taire, il se retourne et puis il s’endort

 

C’est bon, tu me suis jusque là ? Il est partout, tout le temps, par tous les temps
Il écoute aux portes et même à la serrure,
Chacun de ses mots me fait l’effet d’un coup de poing dans la figure
Sous mon armure de guerrière je cache les traces de ses blessures

 

Il m’envoie des avions en papier qui se faufilent par mes fenêtres
Et quand elles sont fermées, il me les glisse entre deux lettres
Sur chaque aile il empile des poèmes qui se superposent
Il dit que ses yeux picorent ma nuque qu’il a décrit dans sa prose

 

Quand je chante sous la douche il fredonne les deuxièmes voix
Il savonne mon corps en me frôlant de ses dix doigts
Les bulles multicolores s’envolent sous les gouttes d’eau
J’ai comme l’impression qu’il me fait un lavage de cerveau

 

Pour les pauses déjeuner il me fait croire qu’il vient manger
J’réserve toujours des tables à deux qui finissent par être annulées
Personne ne s’excuse, il n’y a que moi que ça choque
Et quand je commence à m’énerver il vient me dire que je débloque

 

Parfois, il m’attend à la sortie du job avec des fleurs
Mais quand je m’approche, il s’éloigne, comme si c’est moi qui lui faisais peur
Quand je rentre chez moi, c’est pas rare qu’il soit déjà sur le canapé
Et quand ma porte est fermée, il tourne en rond assis sur l’escalier

 

Il n’est jamais vraiment là, mais moi je ne suis jamais vraiment seule
Quand il n’est pas ici, c’est qu’il préfère voir d’autres gueules
Qu’il se bat pour d’autres causes, qu’il recherche un autre emploi
Qu’il crée d’autres psychoses avec son pouvoir sournois

 

Je n’ai jamais touché sa peau, je n’ai jamais frôlé sa paume
Je n’ai jamais vu son ombre, il est aussi pâle qu’un fantôme
Quand j’avale mes médocs il s’assied dans le pas d’la porte
Et il me fixe d’un air loufoque comme s’il me voyait déjà morte

 

On a refait le monde pendant des heures attablés à des comptoirs
Les gens me regardaient toujours attristés, comme si j’étais la veuve noire
Quand on m’a dit que je parlais seule derrière mon verre de Martini
Il a fini par me dire son nom, il s’appelait: Schizophrénie

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Bonjour Docteur, j’vais pas très bien
J’ai besoin de vos remèdes et ça peut pas attendre demain
J’ai mal au coeur, je m’vois plus les mains
Je me tords de douleur, je m’éteins c’est certain

 

Regardez l’blanc d’mes yeux, il est comme un ciel nuageux
On dirait que sur chaque paupière j’ai des champignons vénéneux
Le soir quand je m’endors, je dois laisser la lumière
Car dans le noir j’vois Dark Vador s’amuser avec son laser.

 

Il m’a dit: c’est normal (2x)

 

Ah ouais ? Et regardez ma gorge, là
J’arrive plus rien à avaler
J’digère même plus les bonnes nouvelles, qu’elles soient salées ou sucrées
J’ai comme une pelote de ficelle attachée à ma trachée

 

J’ai l’estomac dans les talons, je dois prendre mes jambes à mon cou
Pour ne pas mettre les pieds dans l’plat, corps et âme, à tour de bras
Je joue des coudes à contre-coeur pour déjouer ma dernière heure
Et je me fais des cheveux blancs, oeil pour oeil, dent pour dent

 

Il m’a dit: c’est normal (2x)

 

Ah, alors touchez mes veines, elles sont gelées et elles sont bleues
Il y a plus rien qui coule dedans, elles sont attachées deux par deux
Je me fais un sang d’encre qui nourrit même plus mes stylos
Mes globules rouges sont aussi pâles que le rose de mon cerveau

 

Et quand je sors dans la rue, j’vois plus mon reflet dans les vitrines
J’ai les fesses qui se dégonflent et les seins qui se ratatinent
Mon squelette se déplace comme une carcasse de limace
En plus j’ai mal aux pieds, y’a du gravier dans mes godasses

 

Il m’a dit: c’est normal (2x)

 

Mais enfin Docteur, jouez pas au con, faites-moi une fleur
J’sais bien que j’débarque à l’improviste et que ça fait pas trop votre bonheur
Regardez-moi, voyez ma gueule et avouez que ça fait peur
S’il vous plaît, sauvez-moi ou bien je meurs

 

Pouvez pas m’laisser comme ça, pouvez pas m’laisser crever
Comme une bête à l’agonie devant la porte de votre entrée
Je vous paierai en nature, en cash, en bakchich,
Je vous mettrai sur le podium de mes personnages fétiches

 

Il m’a dit: c’est normal
Que je puisse pas vous aider,
J’suis pas toubib, j’suis cordonnier
Je lui ai rapporté les pantoufles que j’devais lui réparer

 

Mais allez-y, il vous attend dans le dernier bureau du fond
Vous a entendu arriver, souffler épais et pleurnicher
Il m’a dit: c’est pas facile d’être le médecin des imbéciles
Alors pour les faire décuver, j’commence par un doigt dans l’nombril

 

… Bonjour Docteur, j’vais pas très bien
J’ai besoin de vos remèdes et ça peut pas attendre demain
J’ai mal au coeur, je m’vois plus les mains
Je me tords de douleur, je m’éteins c’est certain

 

Regardez le blanc d’mes yeux, il est comme un ciel nuageux
On dirait que sur chaque paupière j’ai des champignons vénéneux
Le soir quand j’bois ma bière, je dois laisser la lumière
Car dans le noir, j’vois pas jour quand je dois viser mon verre

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Toutes les minutes dans le monde
Une fleur se fane, un oiseau tombe, un feu s’éteint, une maison brûle
Un arbre arrête de grandir, une rivière finit par sécher
Un ciel commence à s’endormir, un étoile décide de briller

​

Toutes les minutes dans le monde
Dix-huit personnes meurent de faim, neuf cent millions se serrent la main
On attend un bus, un taxi, un chauffeur ou bien un train
On ne fait pas aujourd’hui les choses qu’on pourra faire demain

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Toutes les minutes dans le monde
Neuf personnes attrapent le SIDA, la terre tremble au moins cinq fois
Cinq cents femmes deviennent maman suite à l’orgasme du jour d’avant
Souvenir soyeux ou accident, violeur ou bien amant

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Toutes les minutes dans le monde
Cent cinquante millions d’e-mails sont envoyés dans le ciel
Ils croisent nos chemins virtuels, facteurs remplacés par courriels
Papier et stylo bille devancé par clavier-souris

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Toutes les minutes dans le monde
ça accuse, ça emprisonne, ça oublie, ça félicite,
ça dénonce, ça pardonne, ça recommence, ça assassine,
ça aime trop, ça ment, ça cache maladroitement

ça meurt, ça renaît, ça calcule, ça disparaît
ça pronostique, ça élit, ça critique, ça abolit,
ça tangue, ça vacille, ça feraille, ça roupille
ça gagne, ça manipule, ça cuisine ou bien ça lit

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ça donne des conseils, ça prend des cuites
ça arrose des jardins, ça braque des banques
ça roule trop vite, ça court pour prendre la fuite,
ça évite les bombes, ça compte les gens qui manquent

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Toutes les minutes dans le monde
Quelqu’un dit que c’était mieux avant, au temps des rois et des bouffons
Les féministes enlèvent le haut, les nudistes remettent le bas,
Les poissons rouges boivent de l’eau, les politiciens bouffent leurs doigts

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On s’regarde dans des miroirs pendant des heures de bas en haut
On s’attarde sur nos rides, nos cicatrices, nos défauts,
On bombe le torse, on courbe le dos
Et on retourne compter nos sous pour payer nos impôts,

On dit que la terre va mal, qu’elle ressemble à un carnaval
Que les idiots sont au pouvoir, alors c’est clair, y a plus d’espoir
Que Daesh fout les flopettes, que Trump fout la dèche
Que Sarko est une lopette et que sa meuf est une pimbêche

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On dit que l’homme devient gaga, comme si c’était une race à part
Que l’être humain est dangereux, vicieux, barbare,
Que le sol grouille de mauvaises herbes, de serpents et de cafards,
Et que la planète regorge de vilains petits conards

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Et le plus drôle dans tout ça c’est qu’on nous demande de nous aimer
On nous range les uns sur les autres et on nous dit: cohabitez
Et y’a des cons qui nous observent comme des souris de laboratoire
Pour accoucher d’un diagnostic qui divisera les blancs des noirs

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On travaille pour vivre et puis on vit pour dépenser
L’argent qu’on n’a pas encore gagné mais qu’on nous a grassement loué
“C’est cadeau, servez-vous, vous rembourserez quand vous pourrez,
Et puis si vous crevez avant, vos enfants seront là pour payer”

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Même les fleurs préfèrent pousser la tête en bas,
Elles préfèrent être admirées par tous ces gens qui n’sont plus là
Par ceux qui sont partis avant, par ceux qui sont partis à temps
Par ceux qui s’marrent en nous regardant morfler comme des gros débutants

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Alors voilà, c’est pas glorieux mais c’est comme ça
On prend pas toujours les bonnes décisions et on fait pas toujours les bons choix
On ferme les yeux, on tend les bras et on avance à l’aveuglette
Sous les ordres de nos hommes de loi sans écouter notre propre planète

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Et puis on s’étonne de recevoir des coups de poing dans les dents
Quand on pleurniche pour une broutille comme un enfant gâté
Lorsqu’on se plaint d’une journée minable devant les horreurs du JT
Ou qu’on se morfond pour un simple repas raté

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On oublie qu’à l’âge du fer y’avait pas d’like ni de follower
Qu’ils mangeaient à même le sol et qu’ils s’aimaient à même le coeur
Qu’ils vivaient au jour le jour parce que le mot futur n’existait pas
Et qu’ils croyaient qu’en Mère Nature parce qu’il n’y avait ni Dieu, ni croix

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Aujourd’hui, on n’sait pas encore où on va mais ce qui est sûr, c’est qu’on y va
D’un pas sûr, d’un pas lent, d’un pas timide ou chancelant
On se regarde comme des lions en cage en miaulant comme des bébés chats
On sent la moutarde nous arriver au tarin mais on garde notre sang froid

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On devrait réaliser que pour se sortir de toute cette merde on a besoin de pas grand chose
Il nous faudrait juste 2018 ans de lucidité et trente secondes de courage
Que quelqu’un ouvre tout grand sa gueule et qu’il presse sur le bouton pause
En balançant: “Coupez, vous êtes mauvais… allez, on recommence le tournage”

 

© 2016 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

J’aurai le temps de te regarder dormir
Quand mes journées seront tes nuits
Ou que je souffrirai d’insomnie

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J’aurai le temps de te regarder sourire
Pour autant que l’histoire soit drôle
Que mes doigts te chatouillent quand je te frôle

J’aurai le temps de colorier tes souvenirs
D’en faire des statues à l’argile
Indémodables, indélébiles

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J’aurai le temps de te regarder écrire
Les déserts et ses mirages
Sur des cahiers de 600 pages

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J’aurai le temps de t’emmener sur les nuages
Au seuil du vertige
Suspendu au dernier étage

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J’aurai le temps de te regarder rougir
Quand le soleil embrasera ta peau
Comme ma bouche embrasse ton dos

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J’aurai le temps de te dire de revenir
Quand depuis ton avion
Tu survoleras mon donjon

M’abandonnant comme une princesse
Dans les griffes du dragon
N’oublie pas mon adresse, rappelle-toi de mon nom

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J’aurai le temps de te regarder fleurir
Quand les pluies de saison
Feront éclore les bourgeons

De chaque branche aux reflets verts
De chaque bruit de tonnerre
Si le coup de foudre est éphémère, il fait quand même flamber la terre

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J’aurai le temps de t’aimer à l’infini
Sans barrière et sans peur
Sans pansement pour le coeur

Quand je porterai pour seul habit
Tes soupirs de rêveur
Et qu’au beau milieu de nos nuits, nous bâillonnerons la pudeur

 

© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Le pire, c’est de naître femme dans un monde où l’homme,
Mouillé de chaud, demeure sexiste et macho
Englué dans trente kilos de muscle artificiel
Dénonçant les défauts des entrailles de maman parce que c’est une femelle,

 

Et puis se faire brûler la peau par les rétines affûtées
De ces meutes de loups affamés
Bavant sur les cadenas à huit chiffres des soutiens gorges harnachés
Aux décolletés plongeants des passantes élégantes mais fatiguées

 

Non, le pire, c’est de naître étranger
Dans un pays qui t’a vu grandir, dans un pays qui t’a vu ramer
Qui se dit être ta maison, mais qui te cloue au bas de l’échelle en déclarant:
Dommage, vous auriez pu tout avoir, un job intéressant, une famille, des enfants,
Vous auriez certainement pu vous épanouir, jouer dans la cours des grands
Malheureusement, les couleurs de votre passeport disent que vous faites Ramadan
Et chez nous, on a de la place pour tout le monde hein, vraiment
A condition qu’ils affichent sur leur visage la couleur du parmesan

 

C’est horrible ça, c’est avoir une longueur de retard toute sa vie, pour une couleur de peau
Etre déclassé par les regards humiliants de ces hommes politiques en une des journaux
Et de se sentir trop nu à cause d’un drapeau,
Se sentir trop différent à cause d’un accent

 

Le pire, c’est de naître aveugle avec les yeux ouverts
Déposé au pied d’un arc-en-ciel, celui qui rend la terre si belle,
Condamné à dessiner le bonheur avec une peinture imaginaire,
Sans rouge, sans jaune, sans bleu, sans vert

 

Ou alors, ce qui doit être pire encore, c’est de naître riche là où il n’y a rien à acheter
Où l’amour est en libre-service sur chaque arbre fruitier
Avoir un portefeuille ruisselant de billets verts
Dans un monde où la gratuité a englouti le quartier des affaires

 

Etre blindé de thune au point de devoir réfléchir à comment dépenser ce qui ne coûte rien
Au point de ne plus te souvenir dans quelle foutue baraque tu as oublié tes gamins
Au point de te payer du travail à défaut de te payer des vacances
Au point d’avoir loué les trois quarts du Paradis pour toi et toute ta descendance

 

Non, finalement, le pire du pire, ça doit être de naître gay
De se faire montrer du doigt, de défrayer la chronique
Parce que deux mecs en slip, ça fait toujours sourire, non ? C’est typique
Et de s’entendre dire par les plus maladroits:

 

“Aimer quelqu’un du même sexe, c’est n’aimer que soi,
C’est égoïste, c’est malsain, ça devrait être interdit par la loi
On devra leur expliquer nous, à nos enfants, à quoi ça ressemble la normalité
Leur faire gober que faire crac-crac avec son équivalent,
C’est juste une vilaine mode qui va finir par passer”

 

Bah voilà, c’est ça le pire: de naître entouré par des gens qui te filent mal au bide,
Qui te lacèrent l’existence de remarques putrides
Etre intoxiqué par des mollusques olympiques, fermés comme des huîtres hermétiques,
Productrices de fausses perles en faux plastique

 

Le pire, c’est d’être voué à subir la frustration de cet humain pessimiste
Celui qui dit évoluer sur le droit chemin, mais qui en réalité, ne sait faire que du hors-piste
Se retrouver parachuté dans un remake bon marché de la Préhistoire,
A cette époque où la peine était de mort et où les règles du jeu étaient soit blanches, soit noires

Le pire, c’est de se faire condamner par les jugements de ceux qui pensent avoir raison
Subir les recommandations de ces inflexibles bourrés de principes à la con
Ceux qui te demandent ta confiance pour te la chérir, te l’embrasser, puis te l’acheter
Et qui finissent par te la broyer d’un revers de reproche,
Pour l’épingler à leur tableau de chasse avec audace, à grand coup de pioche

 

Tout compte fait, le pire aujourd’hui, c’est de regarder ce que font les autres pour essayer d’exister
C’est croire que parce que tu es différent, tu as moins de chance d’y arriver
Et penser un truc comme ça, qui que l’on soit, c’est se tirer une balle dans le pied,
C’est comme espérer gagner une course d’orientation, mais avec les yeux bandés

Alors assume d’être autrement,
Rigole quand les gens pleurent, chante quand les gens se taisent
Embrasse quand les gens se frappent et dors quand les gens baisent
Défends quand les gens attaquent, adore quand les gens détestent
Reviens quand les gens partent et pars quand les gens restent
Marche quand les gens courent, regarde quand les gens occultent
Chuchote quand les gens crient et souris quand les gens t’insultent

 

N’attends pas que demain redevienne hier, ni que l’automne devienne l’hiver
Apprends à lire l’heure à l’instant présent, mais surtout laisse le temps au temps
Même au pied du sapin, ce n’est pas l’emballage qui fait le cadeau
Et pour petit rappel, n’oublie jamais qu’un renard peut très bien plumer un corbeau

 

​© 2017 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen

Comment tu t’appelles ?
Paraît que c’est toi ma cheffe directe et que j’vais grandir sous ton aile
On n’a pas fini de se regarder, on n’a d’ailleurs pas commencé
Mais avant tout j’ai quelques questions à te poser

 

D’abord, pourquoi t’as souri en entendant mon premier cri ?
Pourquoi tes yeux se ferment-ils quand tu m’écoutes respirer ?
Pourquoi tes bras font-ils la taille de mon corps tout entier ?
Pourquoi j’ai sur mes fesses un truc humide et rembourré ?

 

Puis ces habits bariolés qui me boudinent comme un sumo
On dirait un dindon ficelé qui a fait de la rétention d’eau
Un bonnet sur le crémol, même quand c’est la canicule
T’as peur que mon âme elle s’envole pendant que mes bras gesticulent ?

 

Et dis, c’est qui tous ces enfants assis autour de moi
Qui n’osent s’exprimer qu’en levant le doigt
Alignés comme des moutons devant un tableau noir
Marignan, 14-18, je crois que c’est leçon d’histoire

 

Et cette cloche qui hurle pour annoncer la fin des cours
Qui me file la liberté de recommencer à rêver
Légalement sans me planquer, les yeux rieurs, regard figé
Ballade sur un lion arc-en-ciel dans la tour de Babel

Et puis c’est qui ce mec qui ressemble à un savant fou
Qui se dandine dans la classe comme un mannequin de Moscou
Il nous dit que c’est l’oeuf qui a fait la poule en premier
Et que le coq était cocu, du coq à l’âne c’était vite vu

 

Comment tu t’appelles ?
Paraît que c’est toi ma cheffe directe et que j’vais grandir sous ton aile
On n’a pas fini de se regarder, on n’a d’ailleurs pas commencé
Mais avant tout j’ai quelques questions à te poser

 

C’est quoi ce délire, mon corps qui s’est mis à changer
Tu m’avais dit que j’allais grandir mais pas au point de me transformer
J’ai bien pigé les règles du jeu, mais je préfère pas y penser
A vrai dire je riais plus quand je saignais du nez

 

Alors c’est ça d’être adulte, c’est pouvoir donner la vie
C’est faire des piles de factures qui pèsent aussi lourd que ton âge
C’est avoir le job idéal, chef de la brigade coloriage
Un clébard, une grosse baraque et des vacances aux Antilles

C’est se battre pour évoluer comme dans un jeu vidéo
Nager comme Picsou dans la boîte du Monopoly
Regarder Philippe Risoli tourner la roue du “Juste Prix”
Et se réveiller le matin pour peigner son poil dans la main

 

C’est se lever chaque jour en écoutant ses os craquer
C’est se parquer près du but pour ne pas devoir trop marcher
C’est s’assoir dans une gare pour regarder les trains se croiser
C’est pleurer dans une église et voir les coeurs se séparer

 

C’est aimer pour la vie puis détester à la folie
C’est rire du malheur des autres en se noyant dans son mal-être
C’est parler pour ne rien dire mais ne pas savoir se taire
C’est se vendre du paraître au prix du kilo de pommes-de-terre

 

Salut, comment tu t’appelles ?
Paraît que c’est toi ma cheffe directe et que j’vais grader sous ton aile
On n’a pas fini de se regarder, on n’a d’ailleurs pas commencé
Mais avant tout j’ai quelque chose à t’avouer:

 

Tu sais, très honnêtement, j’étais quand même bien dans ton ventre
Il manquait juste 10 centimètres pour que je puisse étendre les jambes
Et un filet de lumière traversant une petite fenêtre
Que j’aurais pu installer moi entre ton coeur et ton urètre

 

© 2016 – Escales Productions & Phanee de Pool
Texte & musique : Fanny Diercksen